Le Lij, entre ombre et lumière avec VENOM
Crédits : @
Avec VENOM, Le Lij revient avec un EP dense, court et tranchant. Produit entièrement par Blasé, figure discrète mais déterminante du paysage francophone, ce projet mélange une base trap solide à des textures électroniques subtiles. Résultat : une œuvre cohérente et maîtrisée, où chaque détail sonne juste.
Le Lij, rappeur parisien à l’ADN international, poursuit son chemin en marge des tendances dominantes. Présent sur la scène depuis plusieurs années, souvent aux côtés de son frère Jwles, il a su bâtir une esthétique personnelle, à la croisée de la trap, du rap technique et de certaines influences électroniques.
Avec VENOM, il s’associe une fois de plus à Blasé, unique producteur du projet, qui en signe toute l’architecture sonore. Artisan reconnu pour sa capacité à façonner des ambiances cohérentes et texturées, Blasé apporte ici une touche mélodique claire et un sens du détail qui donne toute sa tenue au projet. Ce binôme fonctionne à merveille : d’un côté, un rappeur au flow précis et détaché, de l’autre un producteur qui crée un écrin sur mesure, oscillant entre nonchalance et légèreté.
Ce projet marque aussi une évolution dans l’univers sonore du Lij. Son précédent EP, ZERO DEGRE, en collaboration avec Brodinski, arborait des sonorités électroniques sombres et industrielles, à l’image de l’excellent Mission. Les projets antérieurs comme XO ou JUSTE UN ENFANT DU QUEENS II présentaient quant à eux des productions beaucoup plus trap. VENOM, en comparaison, dévoile une couleur plus claire, portée par des influences house plus marquées. Le contraste est saisissant : les instrumentales gagnent en légèreté, tandis que les textes, eux, restent sombres et introspectifs, soulignant toute la pertinence du titre VENOM.
Dès Zuma, la formule prend : boucle de piano entêtante, basse souple, et un rythme qui installe une ambiance aérienne, presque estivale. On y retrouve l’identité sonore du projet : des prods trap dans leur structure, mais enrichies de nappes électroniques, de sonorités house discrètes, et de ruptures subtiles.
Sur Monkey 47, Le Lij affine son écriture. Le refrain est immédiat, la rythmique entraînante, et le placement du rappeur montre une aisance technique sans effort apparent. Le morceau Ballerina, plus sombre, revient à une veine trap plus brute, portée par des synthés inquiétants et des lignes egotrip percutantes.
“ J’ai pas de plan B, c’est le plan A que je perfectionne ”
Mais VENOM sait aussi ralentir. À Zéro vient casser la dynamique pour offrir un moment de sincérité. Sur une boucle mélancolique, Le Lij se livre plus intimement, dévoilant une vulnérabilité rare dans un projet plutôt marqué par la distance et l’attitude désinvolte. Ce contraste densifie l’EP, dont la brièveté — une quinzaine de minutes à peine — écarte toute redondance pour mieux immerger l’auditeur dans les complexités de l’esprit et des émotions de l’artiste.
La très belle outro Jessica Rabbit conclut sur une boucle de carillon hypnotique, où Le Lij flotte avec désinvolture. Une fin toute en finesse qui confirme la qualité du travail de Blasé dans l’articulation du projet, du premier au dernier morceau.
Avec VENOM, Le Lij signe un projet concis mais riche, à la croisée d’une trap affirmée et de touches électroniques bien intégrées. Plus qu’un simple exercice de style, l’EP témoigne d’une vraie direction artistique, portée par un artiste qui maîtrise autant la forme que le fond. Le travail de Blasé, discret mais fondamental, structure l’ensemble avec élégance. Une belle réussite, qui appelle un format long pour pleinement déployer cet univers singulier.
Article écrit par Basile
Sonny Rave, entre sensualité et introspection ➜