All Eyez on : Brodinski
Crédit : @shotsbyarian
Originaire de Reims mais vivant entre Paris et les États-Unis, Brodinski s'est imposé au fil de sa carrière comme une figure incontournable de la scène rap et électro. Son parcours unique et ses collaborations prestigieuses ont fait de lui un artiste respecté et influent, capable de transcender les frontières musicales et géographiques. De ses premières connexions outre-atlantique à la sortie de son nouveau projet en collaboration avec Le Lij, Louis s'est confié à nous dans cet entretien en toute intimité.
Quels ont été tes premiers liens avec la production ?
J'ai commencé en tant que DJ et je n'étais pas très intéressé par la production au début. C’est venu plus tard grâce à l'aide de certains amis et collègues qui m'ont appris à utiliser Ableton Live. Avec ce logiciel, j'ai commencé à enregistrer des mixes pour la radio, puis à réaliser des productions par la suite.
Qu’est-ce qui t’a motivé à te professionnaliser ? Y a-t-il eu un élément déclencheur particulier ?
C'est venu un peu tout seul. J'ai commencé à passer de la musique un peu partout à Reims, puis à Paris. Après cela, tout est allé assez vite. J'ai eu la chance de gagner rapidement un peu de notoriété et de continuer dans cette voie, sans oublier que beaucoup de gens m'ont aidé au fil du temps. C'est aussi pour cela que j'essaie, à mon tour, de filer un coup de main aux jeunes qui se lancent, quand je peux.
Depuis la sortie de Brava en 2015, tu as beaucoup travaillé avec des artistes outre-Atlantique, en les orientant vers des sonorités plus électro. D'où vient cette envie et comment es-tu entré en contact avec cette scène ?
J'avais déjà des envies dans ce sens depuis 2011, mais c'est vraiment en 2013, en travaillant sur Yeezus, que j'ai réalisé que c'était possible. J'ai donc décidé de continuer de mon côté à explorer le mix entre la musique électronique et le rap, même si aujourd'hui les barrières sont complètement tombées. À partir de 2013, j'étais très souvent aux États-Unis et j'ai décidé de passer du temps à Atlanta. J'ai voulu tenter ma chance et me connecter avec des gens. Mon ami Derek Schklar, alias The Devil, m'a présenté à pas mal de monde sur place. Il m'a connecté à Bloody Jay et Peewee Longway, mais aussi à Big Bank Black, à qui j'ai pu expliquer ma démarche. Ce dernier m'a ensuite mis en contact avec d'autres artistes. Ce fut assez vertueux après ce moment, et les gens m'ont ouvert leurs portes et leurs oreilles, en m'accordant leur confiance.
En 2016, tu as sorti The Sour Patch Kid avec des artistes tels que Young Nudy, 21 Savage, HoodRich Pablo Juan, entre autres. Peux-tu nous décrire le processus de création de ce projet ?
Après Brava, j'ai voulu continuer à aller à Atlanta, mais j'avais en tête de me connecter avec des artistes pour produire pour leurs projets. J'avais envie d'essayer de faire partie de quelque chose de plus grand que moi. Mon ami et collaborateur Will Hoopes m'a présenté à plusieurs rappeurs, dont 21 Savage, Young Nudy, Johnny Cinco, et d'autres. À chaque fois que je discutais avec les artistes, ils me poussaient plutôt à sortir les sons de mon côté. C'est ainsi que j'ai pensé au concept du Sour Patch Kid, et l'idée de cette tape est née. À cette époque, j'ai pu passer pas mal de temps à Atlanta, ce qui a amorcé la suite, dont Brain Disorder, The Matrix, et l'aventure avec Lil Reek.
En 2019, le projet Evil World semble conclure en quelque sorte cette "trilogie nord-américaine". Quels enseignements en tires-tu et quelles ont été les retombées pour toi en France et à l’étranger ?
En réalité, je ne fais pas vraiment attention aux retombées en général. Je suis content de "faire savoir", et quand les gens aiment, c'est cool. Mais en vrai, j'ai une vision et je suis mon plan, tout simplement. Je continuerai à réaliser mes projets jusqu'à ce que l'inspiration disparaisse, si cela arrive. D'ailleurs, ce n'est pas le dernier projet de ce genre, pour info ! Il y en a un nouveau qui arrive cette année, une suite à tout ça, encore une fois.
Parallèlement, tu as collaboré sur deux projets avec DrugMoneyUSA (Young Slime Season en 2016 et Drug Money Worldwide en 2018) où on retrouve des producteurs français signés sur Bromance (Ikaz Boi, Myth Syzer, Myd, 8tm…). Était-ce naturel pour toi d'importer des producteurs de ton label dans ton deuxième chez toi à Atlanta ?
Bien sûr, oui ! Et je les remercie d'ailleurs d'avoir été partants pour ces aventures à mes côtés. Je suis vraiment reconnaissant de leur confiance sur ces projets. C'était effectivement logique et complètement naturel d'impliquer l'équipe dans ces projets, et je suis content que nous ayons pu le faire pendant un moment. Le résultat reste un très bon souvenir et deux projets dont nous sommes très fiers avec DrugMoneyUSA, ce qui nous a permis de laisser une petite empreinte de nos travaux ensemble.
Tu as aussi beaucoup travaillé avec des artistes underground ici en France comme par exemple JMK$, 8ruki, rad cartier, Jolagreen23 ou plus récemment Bob Marlich. Comment évalues-tu la qualité de notre scène musicale ? Envisages-tu un projet regroupant tous ces "nouveaux" noms ?
Il y a encore quelques années, je ne m'intéressais pas trop à ce qui se passait ici. Mais depuis, je dirais 2018, j'ai vraiment trouvé des choses intéressantes dans la scène en France. Il y a plein de jeunes rappeurs et producteurs qui font vraiment du bon boulot, extrêmement innovant ! Je suis bluffé par la scène maintenant en 2024 et très fier de pouvoir travailler avec certains de ces protagonistes. Pas de projet complet prévu pour le moment sous forme de compilation, mais j'ai justement un EP qui sort avec Le Lij cette semaine, et plein d'autres surprises à venir !
Tu cliques sur quels artistes et/ou quels sons et/ou quels projets en ce moment ?
C'est difficile à dire car chaque semaine j'ai de bonnes surprises, mais voici 10 projets que j'écoute beaucoup depuis le début de l'année :
Pour finir, quelle question aurais-tu aimé qu’on te pose ?
C'est top, rien à redire. Ça me permet de faire le point sur mes travaux et de regarder un peu vers l'avenir ! Merci à vous, l'équipe tide, de m'avoir laissé m'exprimer !
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